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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/115

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L’AMI FRITZ.

séduire les étrangers. Du reste elle avait bon cœur, et le vieux David se faisait un plaisir de la proclamer le modèle accompli de son sexe.

Fritz mit un groschen dans la sébile du Frantzoze ; il avait allumé sa pipe, et fumait à grosses bouffées pour traverser le cloaque. En face du petit escalier, dont chaque marche est creusée comme la pierre d’une gargouille, il fit halte, se pencha de côté dans une petite fenêtre ronde, à ras de terre, et vit le rabbin au fond d’une grande chambre enfumée, assis devant une table de vieux chêne, les deux coudes sur un gros bouquin à tranche rouge, et son front ridé entre ses mains.

La figure du vieux David, dans cette attitude réfléchie, et sous cette lumière grise, ne manquait pas d’un grand caractère ; il y avait dans l’ensemble de ses traits quelque chose de l’esprit rêveur et contemplatif dû dromadaire, ce qui se retrouve du reste chez toutes les races Orientales.

« Il lit le Talmud, » se dit Fritz.

Puis, descendant deux marches, il ouvrit la porte en s’écriant :

« Tu es donc toujours enfoncé dans la loi et les prophètes, vieux posché-isroel ?

— Ah ! c’est toi, schaude ! fit le vieux rabbin, dont la figure prit aussitôt une expression de joie intérieure, en même temps que d’ironie fine, quoi-