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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/220

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L’AMI FRITZ.

même ; il est incapable d’avancer ce qui n’est pas…

— Bon, bon, interrompit David, je le connais depuis longtemps. Entrez, entrez, les autres ne peuvent tarder à venir : voici dix heures qui sonnent. »

Le vieux David était dans sa grande capote brune, luisante aux coudes ; une calotte de velours noir coiffait le derrière de son crâne chauve, quelques cheveux gris voltigeaient autour ; sa figure maigre et jaune, plissée de petites rides innombrables, avait un caractère rêveur, comme au jour du Kipour[1].

« Tu ne t’habilles donc pas ? lui demanda Fritz.

— Non, c’est inutile. Asseyez-vous. »

Ils s’assirent.

La vieille Sourlé regarda par la porte de la cuisine entr’ouverte, et dit :

« Bonjour, monsieur Kobus.

— Bonjour, Sourlé, bonjour. Vous n’entrez pas ?

— Tout à l’heure, fit-elle, je viendrai.

— Je n’ai pas besoin de te dire, David, reprit Fritz, que pour moi Christel a raison, et que j’en répondrais sur ma propre tête.

  1. Journée déjeune et d’expiation chez les juifs.