Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
L’AMI FRITZ.

Kobus allait s’écrier : « Ah ! décidément, c’est trop fort ! » mais il s’arrêta et dit avec finesse : « C’est moi qui suis la rose ! »

Alors tous trois ne purent s’empêcher de rire.

Christel et Fritz sortirent bras dessus bras dessous, se disant entre eux :

« Est-il fin ce rebbe David ! Il a toujours quelque vieux proverbe qui vient à propos pour vous réjouir. C’est un brave homme. »

Tout se passa comme il avait été convenu : Christel et Kobus dînèrent ensemble, David vint au dessert prendre le café, puis ils se rendirent à la brasserie du Grand-Cerf.

Fritz était dans un état de jubilation extraordinaire, non-seulement parce qu’il marchait entre son vieil ami David et le père de Sûzel, mais encore parce qu’il avait une bouteille de steinberg dans la tête, sans parler du bordeaux et du kirschenwasser. Il voyait les choses de ce bas monde comme à travers un rayon de soleil : sa face charnue était pourpre, et ses grosses lèvres se rebroussaient par un joyeux sourire. Aussi quel enthousiasme éclata lorsqu’il parut ainsi sous la toile grise en auvent, à la porte du Grand-Cerf.

« Le voilà ! le voilà ! criait-on de tous les côtés, la chope haute, voici Kobus ! »