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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/236

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L’AMI FRITZ.

grande chose et la plus sublime qui soit sous le ciel : l’amour ! Et si l’on appelle le chant de votre roi Salomon, le Cantique des cantiques, n’est-ce pas aussi parce qu’il chante l’amour, plus noble, plus grand, plus profond que tout le reste dans le cœur de l’homme ? Quand il dit dans ce Cantique des cantiques : « Ma bien-aimée, tu es belle comme la voûte des étoiles, agréable comme Jérusalem, redoutable comme les armées qui marchent, leurs enseignes déployées. » Est-ce qu’il ne veut pas dire que rien n’est plus beau, plus invincible et plus doux que l’amour ? Et tous vos prophètes n’ont-ils pas dit la même chose ? Et depuis le Christ, d’amour n’a-t-il pas converti les peuples barbares ? n’est-ce pas avec un simple ruban rose, qu’il faisait d’une espèce sauvage un chevalier ?

" Si de nos jours tout est moins grand, moins beau, moins noble qu’autrefois, n’est-ce pas parce que les hommes ne connaissent plus l’amour véritable, et qu’ils se marient pour de l’argent ? Eh bien ! moi, David, entends-tu, je dis et soutiens que l’amour vrai, l’amour pur est la seule chose qui change le cœur de l’homme, la seule qui l’élève et qui mérite qu’on donne sa vie pour elle : Je trouve que ces hommes ont bien fait de se battre, puisque chacun ne pouvait renoncer à son amour, sans s’en reconnaître lui-même indigne.