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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/258

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L’AMI FRITZ.

Le maître de poste trouva ce raisonnement très-juste.

« Monsieur Kobus, dit-il, vous faites bien, et je vous approuve ; quand j’étais jeune, j’aimais à rouler rondement et à mon aise ; maintenant je suis vieux, mais j’ai toujours les mêmes idées : ces idées sont bonnes, quand on a le moyen de les avoir comme vous et moi. »

Il conduisit Fritz sous son hangar. Là se trouvaient des calèches à la nouvelle mode de Paris, légères comme des plumes, ornées d’écussons, et si belles, si gracieuses, qu’on aurait pu les mettre dans un salon, comme des meubles remarquables par leur élégance.

Kobus les trouva fort jolies ; et malgré cela, un goût naturel pour la somptuosité cossue lui fit choisir une grande berline rembourrée de soie intérieurement, un peu lourde, il est vrai, mais que Fânen lui dit être la voiture des personnages de distinction.

Il la choisit donc, et alors le maître de poste l’introduisit dans ses vastes écuries.

Sous un plafond blanchi à la chaux, long de cent vingt pas, large de soixante, et soutenu par douze piliers en cœur de chêne, étaient rangés sur deux lignes, et séparés l’un de l’autre par des barrières, soixante chevaux, gris, noirs, bruns,