Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
267
L’AMI FRITZ.

— Nous avons des cigares, » dit Fritz en leur passant des cigares qu’ils allumèrent aussitôt, et qu’ils se mirent à fumer, renversés sur leur siège, les jambes croisées, le nez en l’air et le bras arrondi derrière la tête.

Katel paraissait aussi contente qu’eux.

« Y sommes-nous, monsieur Kobus ? demanda Zimmer.

— Oui, en route, et doucement, dit-il, doucement jusqu’à la porte de Hildebrandt. »

Zimmer, alors, claquant du fouet, tira les rênes, et les chevaux repartirent au petit trot, pendant que le vieux postillon embouchait son cornet et faisait retentir l’air de ses fanfares.

Katel, sur le seuil, les suivit du regard jusqu’au détour de la rue. C’est ainsi qu’ils traversèrent Hunebourg d’un bout à l’autre ; le pavé résonnait au loin, les fenêtres se remplissaient de figures ébahies, et eux, nonchalamment renversés comme de grands seigneurs, ils fumaient sans tourner la tête, et semblaient n’avoir fait autre chose toute leur vie que rouler en chaise de poste.

Enfin, au frémissement du pavé succéda le bruit moins fort de la route ; ils passèrent sous la porte de Hildebrandt, et Zimmer, remettant son cor en sautoir, reprit son fouet. Deux minutes après, ils filaient comme le vent sur la route de Bischem :