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L’AMI FRITZ.

lier. Schoultz ayant entendu parler de la chambre du général Hoche, voulut savoir ce que c’était.

« La voici, monsieur, dit l’aubergiste en ouvrant une grande salle au premier. C’est là que les généraux républicains ont tenu conseil le 23 décembre 1793, trois jours avant l’attaque des lignes de Wissembourg. Tenez, Hoche était là. »

Il montrait le grand fourneau de fonte dans une niche ovale, à droite.

« Vous l’avez vu ?

— Oui, monsieur, je m’en souviens comme d’hier ; j’avais quinze ans. Les Français campaient autour du village, les généraux ne dormaient ni jour ni nuit. Mon père me fit monter un soir, en me disant : « Regarde bien ! » Les généraux français, avec leur écharpe tricolore autour des reins, leurs grands chapeaux à cornes en travers de la tête, et leurs sabres traînants, se promenaient dans cette chambre.

« À chaque instant des officiers, tout couverts de neige, venaient prendre leurs ordres. Comme tout le monde parlait de Hoche, j’aurais bien voulu le connaître, et je me glissai contre le mur, regardant, le nez en l’air, ces grands hommes qui faisaient tant de bruit dans la maison.

« Alors mon père, qui venait aussi d’entrer, me