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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/294

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L’AMI FRITZ.

Et, frappant sur la table du manche de son couteau, il s’écria d’une voix retentissante :

« Père Lœrich ! père Lœrich ! »

Le vieil aubergiste parut.

Alors Fritz, souriant avec finesse, demanda :

« Avez-vous encore de ce petit vin blanc, vous savez, de ce petit vin qui pétille et que M. le juge de paix Kobus aimait !

— Oui, nous en avons encore, répondit l’aubergiste du même ton joyeux.

— Eh bien ! apportez-nous-en deux bouteilles, fit-il en clignant des yeux. Ce vin-là me plaisait, je ne serais pas fâché de le faire goûter à mes amis. »

Le père Lœrich sortit, et quelques instants après il rentrait, tenant sous chaque bras une bouteille solidement encapuchonnée et ficelée de fil d’archal. Il avait aussi des pincettes pour forcer le fil, et trois verres minces, étincelants, en forme de cornet, sur un plateau.

Hâan et Schoultz comprirent alors quel était ce petit vin et se regardèrent l’un l’autre en souriant.

« Hé ! hé ! hé ! fit Hâan, ce Kobus a parfois de bonnes plaisanteries ; il appelle cela du petit vin ! »

Et Schoultz, observant les Prussiens du coin de l’œil, ajouta :