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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/296

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L’AMI FRITZ.

ici l’armée bavaroise, et tout ce que je puis te dire, c’est que si nous avions trouvé du vin de Champagne en route, j’en aurais bu ma bonne part. Est-ce qu’on peut me reprocher à moi d’être tombé dans un pays stérile ? N’est-ce pas la faute du feld-maréchal Schwartzenberg, qui nous sacrifiait, nous autres, pour engraisser ses Autrichiens ? Ne me parle pas de cela, Kobus, rien que d’y penser, j’en frémis encore : durant deux étapes nous n’avons trouvé que des sapins, et finalement un tas de gueux qui nous assommaient à coups de pierres du haut de leurs rochers, des va-nu-pieds, de véritables sauvages ; jeté réponds qu’il était plus agréable d’avaler de bon vin en Champagne, que de se battre contre ces enragés montagnards de la chaîne des Vosges !

— Allons, calme-toi, dit Hâan en riant, nous sommes de ton avis, quoique des milliers d’Autrichiens et de Prussiens aient laissé leurs os en Champagne.

— Qui sait ? nous buvons peut-être en ce moment la quintessence d’un caporal schlague ! » s’écria Fritz.

Tous trois se prirent à rire comme des bienheureux ; ils étaient à moitié gris.

« Ha ! ha ! ha ! maintenant à la danse, dit Kobus en se levant.