Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
L’AMI FRITZ.

« Sûzel, veux-tu danser avec moi le treieleins ? »

Elle alors, levant ses grands yeux bleus comme en rêve, de pâle qu’elle était, devint toute rouge :

« Oh ! oui, monsieur Kobus !» fit-elle en regardant la grand’mère.

La vieille inclina la tête au bout d’une seconde, et dit : « C’est bien… tu peux danser. » Car elle connaissait Fritz, pour l’avoir vu venir à Bischem dans le temps, avec son père.

Ils descendirent donc dans la salle. Les valets de danse, le chapeau de paille couvert de banderoles, faisaient le tour de la baraque au pied de la rampe, agitant d’un air joyeux leurs martinets de rubans, pour faire reculer le monde. Hâan et Schoultz se promenaient encore, à la recherche de leurs danseuses ; Iôsef, debout devant son pupitre, attendait ; Bockel, sa contre-basse contre la jambe tendue, et Andrès, son violon sous le bras, se tenaient à ses côtés ; ils devaient seuls l’accompagner.

La petite Sûzel, au bras de Fritz au milieu de cette foule, jetait des regards furtifs, pleins de ravissement intérieur et de trouble ; chacun admirait les longues nattes de ses cheveux, tombant derrière elle jusqu’au bas de sa petite jupe bleu clair bordée de velours, ses petits souliers ronds,