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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/308

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L’AMI FRITZ.

tout joyeux ; vous le voyez, Sûzel et moi nous dansons ensemble.

— C’est beaucoup d’honneur pour nous, monsieur Kobus, répondit le fermier en souriant, beaucoup d’honneur ; mais la petite s’y connaît donc ? Je croyais qu’elle n’avait jamais fait un tour de walse.

— Père Christel, Sûzel est un papillon, une véritable petite fée ; elle a des ailes ! »

Sûzel se tenait à son bras, les yeux baissés, les joues rouges ; et le père Christel, la regardant d’un air heureux, lui demanda :

« Mais, Sûzel, qui donc t’a montré la danse ? Cela m’étonne !

— Mayel et moi, dit la petite, nous faisons quelquefois deux ou trois tours dans la cuisine pour nous amuser. »

Alors les gens penchés autour d’eux se mirent à rire, et l’autre anabaptiste s’écria :

« Christel, à quoi penses-tu donc ?… Est-ce que les filles ont besoin d’apprendre à walser ?… est-ce que cela ne leur vient pas tout seul ? Ha ! ha ! ha ! »

Fritz, sachant que Sûzel n’avait jamais dansé qu’avec lui, sentait comme de bonnes odeurs lui monter au nez ; il aurait voulu chanter, mais se contenant :

« Tout cela, dit-il, n’est que le commencement