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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/329

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L’AMI FRITZ.

épaules, l’autre par les pieds, et le déposèrent sur son lit.

Voilà pourtant à quelles extrémités peut nous porter l’amour ! Un homme si raisonnable, un homme qui s’était si bien arrangé pour être tranquille toute sa vie, un homme qui voyait les choses de si loin, qui s’était pourvu de si bon vin avec sagesse, et qui semblait n’avoir rien à craindre ni du ciel ni de la terre… voilà où le regard d’une simple enfant, d’une petite fille sans ruse et sans malice l’avait réduit ! Qu’on dise encore après cela que l’amour est la plus douce, la plus agréable des passions.

Mais on pourrait faire des réflexions judicieuses sur ce chapitre jusqu’à la fin des siècles ; — c’est pourquoi, plutôt que de commencer, j’aime mieux laisser chacun tirer de là les conclusions qui lui plairont davantage.

Orchel et Katel se désolaient donc et ne savaient plus où donner de la tête. Mais Katel, dans les grandes circonstances, montrait ce qu’elle était.

« Orchel, dit-elle en défaisant la cravate de son maître, descendez tout de suite sur la place des Acacias ; vous verrez, à droite de l’église, une ruelle, et, à gauche de la ruelle, une rangée de palissades vertes sur un petit mur. C’est là que demeure le docteur Kipert ; il doit être en train de