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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/43

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L’AMI FRITZ.

tions, et qu’il y a toujours, non-seulement du bon, mais du meilleur dans les mêmes familles.

« Oui, si le vieux Nicolas Kobus, le grand-père Frantz-Sépel, et mon propre père Zacharias, pouvaient revenir et goûter ces vins, ils seraient satisfaits de leur petit-fils ; ils reconnaîtraient en lui la même sagesse et les mêmes vertus qu’en eux-mêmes. Malheureusement ils ne peuvent pas revenir, c’est fini, bien fini ! Il faut que je les remplace en tout et pour tout. C’est triste tout de même ! des gens si prudents, de si bons vivants, penser qu’ils ne peuvent seulement plus goûter un verre de leur vin, et se réjouir en louant le Seigneur de ses grâces ! Enfin, c’est comme cela ; le même accident nous arrivera tôt ou tard, et voilà pourquoi nous devons profiter des bonnes choses pendant que nous y sommes ! »

Après ces réflexions mélancoliques, Kobus choisit les vins qu’il voulait boire en ce jour, et cela le remit de bonne humeur.

« Nous commencerons, se dit-il, par des vins de France, que mon digne grand-père Frantz-Sépel estimait plus que tous les autres. Il n’avait peut-être pas tout à fait tort, car ce vieux bordeaux est bien ce qu’il y a de mieux pour se faire un bon fond d’estomac. Oui, prenons d’abord ces six bouteilles de bordeaux ; ce sera un joli commence-