Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
L’AMI FRITZ.

« En voilà bien assez ; encore une bouteille de capucin, et nous roulerions sous la table. Il faut user, comme le répétait sans cesse mon vertueux père, mais il ne faut pas abuser. »

Alors, plaçant avec précaution le panier hors du lattis, il referma soigneusement la porte, y remit le cadenas et reprit le chemin de la première cave. En passant, il compléta le panier avec une bouteille de vieux rhum, qui se trouvait à part, dans une sorte d’armoire enfoncée entre deux piliers de la voûte basse ; et enfin il remonta, s’arrêtant chaque fois pour cadenasser les portes.

En arrivant près du vestibule, il entendit déjà le remue-ménage des casseroles et le pétillement du feu dans la cuisine : Katel était revenue du marché, tout était en train, cela lui fit plaisir.

Il monta donc, et, s’arrêtant dans l’allée, sur le seuil de la cuisine flamboyante, il s’écria :

« Voici les bouteilles ! À cette heure, Katel, j’espère que tu vas te dépasser, que tu nous feras un dîner… mais un dîner…

— Soyez donc tranquille, monsieur, répondit la vieille cuisinière, qui n’aimait pas les recommandations, est-ce que vous avez jamais été mécontent de moi depuis vingt ans ?

— Non, Katel, non, au contraire ; mais tu sais, on peut faire bien, très-bien, et tout à fait bien.