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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/50

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L’AMI FRITZ.

« C’est cela, se disait-il à voix basse, le grand Frédéric Schoultz du côté des fenêtres, le dos à la lumière, le percepteur Christian Hâan en face de lui, Iôsef de ce côté, et moi de celui-ci : ce sera bien… c’est bien comme cela ; quand la porte s’ouvrira, je verrai tout d’avance, je saurai ce qu’on va servir, je pourrai faire signe à Katel d’approcher ou d’attendre ; c’est très-bien. Maintenant les verres : à droite, celui du bordeaux pour commencer ; au milieu, celui du rudesheim, et ensuite celui du johannisberg des capucins. Toute chose doit venir en ordre et selon son temps : l’huilier sur la cheminée, le sel et le poivre sur la table, rien ne manque plus, et j’ose me flatter… Ah ! le vin ! comme il fait déjà chaud, nous le mettrons rafraîchir dans un baquet sous la pompe, excepté le bordeaux qui doit se boire tiède ; je vais prévenir Katel. — Et maintenant à mon tour, il faut que je me rase, que je change, que je mette ma belle redingote marron. — Ça va, Kobus, ha ! ha ! ha ! quelle fête du printemps… Et dehors donc, il fait un soleil superbe ! — Hé ! le grand Frédéric se promène déjà sur la place ; il n’y a plus une minute à perdre ! »

Fritz sortit ; en passant devant la cuisine, il avertit Katel de faire chauffer le bordeaux et rafraîchir les autres vins ; il était radieux et entra