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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/65

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L’AMI FRITZ.

m’amener une femme, qui bouleverserait tout de fond en comble ! Franchement, David, c’est trop fort !

— Tu crois donc, Kobus, que tout ira de même jusqu’à la fin ? Détrompe-toi, garçon, l’âge arrive, et, d’après le train que tu mènes, je prévois que ton gros orteil t’avertira bientôt que la plaisanterie a duré trop longtemps. Alors, tu voudras bien avoir une femme !

— J’aurai Katel.

— Ta vieille Katel a fait son temps comme moi. Tu seras forcé de prendre une autre servante qui te grugera, qui te volera, Kobus, pendant que tu seras en train de soupirer dans ton fauteuil, avec la goutte au pied.

— Bah ! interrompit Fritz, si la chose arrive… alors comme alors, il sera temps d’aviser. En attendant, je suis heureux, parfaitement heureux. Si je prenais maintenant une femme, et je me suppose de la chance, je suppose que ma femme soit excellente, bonne ménagère et tout ce qui s’ensuit, eh bien, David, il ne faudrait pas moins a mener promener de temps en temps, la conduire au bal de M. le bourgmestre ou de Mme la sous-préfète ; il faudrait changer mes habitudes, je ne pourrais plus aller le chapeau sur l’oreille, ou sur la nuque, la cravate un peu débraillée, il