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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/80

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L’AMI FRITZ.

canne ; aussitôt l’oiseau partit, jetant un miaulement sauvage dans la vallée, et tous les pigeons, à ce cri de guerre, se replièrent comme un éventail dans le colombier.

Alors Kobus, riant en lui-même, repartit en trottant dans le sentier, jusqu’à ce qu’une petite voix claire se mit à crier :

« M. Kobus !… voici M. Kobus ! »

C’était Sûzel qui venait de l’apercevoir et qui s’élançait sous le hangar pour appeler son père.

Il atteignait à peine le chemin des voitures, au pied de la côte, que le vieux fermier anabaptiste, avec son large collier de barbe, son chapeau de crin, sa camisole de laine grise garnie d’agrafes de laiton, venait à sa rencontre, la figure épanouie, et s’écriait d’un ton joyeux :

« Soyez le bienvenu, monsieur Kobus, soyez le bienvenu. Vous nous faites un grand plaisir en ce jour ; nous n’espérions pas vous voir sitôt. Que le ciel soit loué de vous avoir décidé pour aujourd’hui.

— Oui, Christel, c’est moi, dit Fritz en donnant une poignée de main au brave homme ; l’idée de venir m’a pris tout à coup, et me voilà. Hé ! hé ! hé ! je vois avec satisfaction que vous avez toujours bonne mine, père Christel.

— Oui, le ciel nous a conservé la santé, mon-