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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/87

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L’AMI FRITZ.

là, nous sèmerons du blé ; après le trèfle, c’est un bon assolement. »

Fritz n’y comprenait rien ; mais il avait l’air de s’y entendre, et le vieux fermier était heureux de parler des choses qui l’intéressaient le plus.

La chaleur devenait grande. À force de marcher dans ces terres grasses, labourées profondément, et qui vous laissaient à chaque pas une motte au talon, Kobus avait fini par sentir la sueur lui couler le long du dos ; et comme ils étaient au haut de la côte, en train de reprendre haleine, cet immense bourdonnement des insectes, qui sortent de terre aux premiers beaux jours, se fit entendre pour la première fois à ses oreilles.

« Écoutez, Christel, dit-il, quelle musique… hein ! C’est tout de même étonnant, cette vie qui sort de terre sous la forme de chenilles, de hannetons, de mouches, et qui remplit l’air du jour au lendemain ; c’est quelque chose de grand !

— Oui, c’est même trop grand, dit l’anabaptiste. Si nous n’avions pas le bonheur d’avoir des moineaux, des pinsons, des hirondelles et des centaines d’autres petits oiseaux, comme les chardonnerets et les fauvettes, pour exterminer toute cette vermine, nous serions perdus, monsieur Kobus : les hannetons, les chenilles et les sauterelles nous mangeraient tout ! Heureusement le Seigneur vient