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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/90

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L’AMI FRITZ.

c’est une idée magnifique. Christel, vous êtes un homme rempli de bon sens. Depuis longtemps j’aurais dû penser à ce réservoir, car j’aime beaucoup la truite. Oui, vous avez raison. Tiens, tiens, c’est tout à fait juste ! Pas plus tard que demain nous commencerons, entendez-vous, Christel ? Ce soir, je vais à Hunebourg chercher des ouvriers, des tombereaux et des brouettes. Il faut que l’architecte Lang arrive, pour que la chose soit faite en règle. Et, l’affaire terminée, nous sèmerons là dedans des truites, des perches, des barbeaux, comme on sème des choux, des raves et des carottes dans son jardin. »

Kobus partit alors d’un grand éclat de rire, et le vieil anabaptiste parut heureux de le voir approuver son plan.

Tout en regagnant la ferme, Fritz disait :

« Je vais m’établir chez vous, Christel, huit, dix, quinze jours, pour surveiller et pousser ce travail. Je veux tout voir de mes propres yeux. Il faudra, du côté de la rivière, un mur solide, de bonne chaux et de bonnes fondations ; nous aurons aussi besoin de sable et de gravier pour le fond du réservoir, car les poissons d’eau courante veulent du gravier. Enfin nous établirons cela pour durer longtemps. »

Ils entraient alors dans la grande cour en face du hangar ; Sûzel se trouvait sur la perte.