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Page:Erckmann-Chatrian - Contes et romans populaires, 1867.djvu/349

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L’AMI FRITZ.


Nous commencerons, se dit-il, par des vins de France. (Page 8.)

— Ah ! vous dites toujours la même chose, fit la vieille en riant.

— Qu’est-ce que tu pourrais bien me préparer pour me remettre ? reprit Fritz.

— Voulez-vous du thé ?

— Du thé ! Parle-moi d’une bonne soupe aux oignons, à la bonne heure ; et puis, attends….

— Une oreille de veau à la vinaigrette ?

— Oui, c’est cela, une oreille à la vinaigrette. Quelle mauvaise idée on a de prendre tant de bière ! Enfin, puisque c’est fait, n’en parlons plus Dépêche-toi, Katel, j’arrive. »

Katel rentra dans sa cuisine en riant, et Kobus, au bout d’un quart d’heure, finit de se laver, de se peigner et de s’habiller. Il pouvait à peine lever les bras et les jambes. Enfin, il passa sa capote, et entra dans la salle s’asseoir devant une bonne soupe aux oignons, qui lui fit du bien. Il mangea son oreille à la vinaigrette, et but un bon coup de forstheimer par là-dessus, ce qui lui rendit courage. Il avait pourtant encore la tête un peu lourde, et regardait le beau soleil qui s’étendait sur les vitres.

« Quelle boisson pernicieuse que la bière ! dit-il, on aurait dû tordre le cou de ce Gambrinus, lorsqu’il s’avisa de faire bouillir de l’orge avec du houblon. C’est une chose contraire à la nature de mêler le doux et l’amer ; les hommes sont fous d’avaler un pareil poison. Mais la fumée est cause de tout ; si l’on pouvait renoncer à la pipe, on se moquerait de la chope. Enfin, voilà. — Katel !

— Quoi, Monsieur ?