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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/126

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En effet, divisées à l’infini et réduites, pour ainsi dire, à leur plus simple expression, la matière et l’idée se confondent tellement qu’il nous est impossible de dire où commence l’une, où finit l’autre.

Par exemple, les Phrénologistes localisent et matérialisent la pensée jusque dans ses manifestations les plus infinitésimales, tandis que les Psychologues l’universalisent, l’idéalisent à l’extrême.

Et cependant, si nous nous figurons, dans l’exercice de la pensée, un homme au génie puissant, ses conceptions seront si nombreuses et si diverses que la plus fine des fibrilles de sa pulpe cérébrale deviendra le siège d’une idée.

Or, la Matière ainsi divisée, jusqu’à ne plus pouvoir être conçue, qu’est-ce ? Néant ! Et la pensée s’élevant à de telles hauteurs, comparée à cet impalpable atome de matière qui en est le siège, qu’est-elle ? Tout !

Pourquoi dirions-nous donc, avec les matérialistes, que la matière est tout, et la pensée néant ?

Et maintenant, si nous considérons l’athlète, l’Hercule Farnèse, le Gladiateur, l’homme fort placé sous l’impression d’une passion violente, nous arriverons à un résultat tout opposé. Les éléments physiques, la sang, les nerfs, la fibre charnue entrent chez lui dans une révolte si terrible qu’ils occupent toute la scène vitale, et qu’au milieu de ce déchaînement matériel, il est impossible de distinguer la passion qui l’a provoqué. Ici la Pensée est néant. La Matière surexcitée, turgescente, est tout.

Pourquoi donc dirions-nous avec les psychologues idéalistes que la Pensée est tout, et la Matière rien ?

Divisées à ce point de ne plus pouvoir tomber sous les sens, — expression consacrée au physique et au moral —