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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/132

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Grotius et Macchiavelli, Bernardin de Saint-Pierre et Campanella, tous les simplistes enfin, n’ont vu qu’un côté de la question.




III. MOMENT DE LA FORCE ET MOMENT DE L’IDÉE.


« Ce qui est utile au public ne s’introduit
guère que par la force, attendu que les intérêts
particuliers y sont presque toujours opposés. »
J.-J. Rousseau


Tout en reconnaissant l’utilité égale, l’essence identique de la Force et de l’Idée, il nous est indispensable, pour raisonner, de maintenir aussi l’hypothèse de dualisme dans la nature humaine.

Ce qu’il importe de bien déterminer, c’est le moment de chaque force. Car l’existence est un problème de statique, et pour le résoudre, nous devons savoir dans quelles conditions les puissances humaines seront employées le plus avantageusement contre le milieu de l’univers.

Par un incroyable abus des mots, nous sommes arrivés à un déplorable malentendu dans les choses. Quand nous parlons aujourd’hui de Force, en politique, nous attachons à cette expression la pensée de contre-révolution. Et quand nous parlons d’Idée, nous prenons ce mot dans une acception exclusivement révolutionnaire.

Pourquoi cela ? Est-ce parce que l’Idée conçoit les révolutions et s’engage, la première, dans leurs voies ? Est-ce parce que la Force s’oppose à la réalisation des idées nouvelles autant qu’il est en son pouvoir, et ne les subit qu’avec le temps ? — mais si l’Idée restait toujours en avant, isolée de la Force, elle ne prendrait pas de corps et demeu-