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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/169

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nementale, ainsi qu’il est surabondamment prouvé par la première et la seconde république, ainsi que pare l’union vraiment touchante du parti démocratique.

Les Français subissent encore le gouvernement parce qu’ils n’ont ni le courage ni la dignité, ni la science, ni la justice, ni la volonté nécessaires pour s’en débarrasser ; parce que leur intérêt les contraint à s’y soumettre. Mais ils ne le soutiennent pas, ils ne l’encouragent pas ; ils n’ont pas même la force de le haïr ! Monarchie absolue ou constitutionnelle, République ou Empire, ils proclament tout, mais ils n’acclament rien. Pourvu que le gouvernement ne les fouette pas trop souvent et trop publiquement surtout, pourvu qu’il leur conserve la vie et la propriété sauves, ils se déclarent satisfaits. Peu leur importe la main qui communique l’impulsion à la machine administrative ; en ce temps-ci, la machine est devenue plus importante que l’ouvrier !

La Nation et le Pouvoir sont juxtaposés, mais ne conservent plus de rapports qu’au moyen du percepteur et du gendarme. Les gouvernants sont arrivés à la plus vile des mendicités, et les gouvernés à la plus déjetée des humiliations. Il n’y a pas moyen de faire un pas de plus dans cette mare de fange. Les grandes luttes internationales ont été ramenées à leur valeur réelle : ce ne sont plus que de petites querelles entre les cabinets ; les hommes ont bien autre chose à faire que de mourir pour des rois. Les gouvernants s’en vont en guerre pour leur compte, sans que la nation s’en montre le moins du monde préoccupée. Chacun chez soi, chacun pour soi  : les diplomates constitutionnels ont eu grand tort de divulguer au peuple ce principe des doctrinaires, car le peuple en a fait son profit. « Nous ne voulons plus de guerre, dit P.‑J. Proudhon : il n’y a plus que le prêtre qui fraternise avec le soldat. »