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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/194

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Mais quand ce peuple est devenu majeur, quand son cœur plus puissant bat sur un organisme achevé, quand son intelligence, grandissant comme le soleil, dissipe les ténèbres qu’on épaississait autour d’elle, alors ce peuple reconnaît que sa vue est perçante, que ses maîtres sont petits, que le fer se brise, et qu’il porte des chaînes. Il sait lire, il apprend à juger. Et pareil aux tout jeunes gens, envieux des prérogatives des hommes mûrs, il envie la liberté des nations voisines plus grande que la sienne, et leur civilisation plus brillante.

Alors il secoue l’autorité jusque-là vénérée, il brûle le trône et les codes, et dépense sa jeune force en débordant sur les contrées voisines, avide de voluptés, de jouissances et de bonheur. Le premier essor des jeunes hommes coûte toujours cher à leurs familles, à ceux qui les entourent et aux femmes qu’ils remarquent. Il en est de même du premier élan des peuples. Malheur aux pouvoirs qui s’efforcent de les comprimer, aux armées qui leur barrent le passage, aux voluptueuses sociétés dont ils pressent les flancs en cherchant le bonheur ! Malheur à l’Europe prostituée que le jeune Slave étendra sur la couche où les femmes conçoivent ! Elle croyait s’enivrer de plaisirs faciles, mais elle enfantera dans la douleur : c’est la menace de l’Écriture ! — Comme l’enfant qui devient adulte, la société qui sort de la Barbarie brille par la force.


II.   En dépit des constitutions défectueuses, des révolutions impuissantes, des propagandes timides et des efforts superflus, en dépit des gens de gouvernement et de parti, l’Europe occidentale est trop peuplée, son territoire trop divisé, ses habitants trop pressés les uns contre les autres pour qu’elle supporte plus longtemps le système social lymbique de la civilisation. Car ce système ne donne à l’homme qu’une liberté mensongère, à la