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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/222

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beaucoup d’êtres, il s’use proportionnellement lui-même. Chaque coup frappé par lui sur nous se répercute en lui, car lui-même doit lutter constamment contre la résistance d’univers plus forts, et cette résistance affaiblit d’autant la puissance dont il peut disposer contre nous. Le milieu qui se renouvelle souvent court plus vite à sa destinée, mais aussi à sa mort, que celui qui se renouvelle peu. Il vit tout autant, mais il dure moins, parce qu’il dépense plus à la fois.

La victoire que le milieu universel remporte d’abord sur nous, nous la remportons ensuite sur le milieu universel.

Pour se rendre un compte exact de cette justice distributive établie entre l’univers et nous, il ne faut pas considérer l’homme et la société isolés de leur race, ce que nous faisons trop souvent ; il faut se représenter l’espèce humaine dans la continuité de ses générations passées et dans la virtualité de ses générations à venir.

Envisagée à ce point de vue, la race humaine forme un tout indéfini dans le temps. L’Univers, d’autre part, est un tout indéfini dans l’espace, au moyen de la cohésion de tous les objets qui le constituent. Tels sont les deux termes de la contradiction posée devant nous.

Dans la lutte engagée entre lui et nous, l’univers, en renversant des générations d’hommes les unes sur les autres, ne remporte ainsi sur l’humanité que des victoires de détail — dans le temps. — De même nous, au moyen des métaux et des puissances élémentaires successivement utilisés par nos découvertes, nous vainquons l’univers en détail — dans l’espace.

Bien souvent, la force universelle se sert de l’homme pour détruire l’homme. C’est la seule occupation que je voie, pour ma part, aux despotes, généraux, banquiers, juges, geôliers, bourreaux, exploiteurs, briffaulx, cagots,