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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/233

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Pour nous, il n’est qu’un moyen de n’être pas broyés par cette Révolution, c’est de courir au-devant d’elle, de nous précipiter au milieu du désordre, des armées et des fléaux, enfin de nous frayer, tête baissée, passage à travers le Mal !




§ 2. — GÉNÉRALITÉS SUR LES RÉVOLUTIONS


I.   J’ai déjà établi que révolutionner signifie retourner et contradictoirement conserver[1].

Tant pis pour ceux qui ont besoin et qui ne se sentent pas le courage nécessaire à un pareil travail ! Tant pis pour ceux qui souffrent et n’osent pas prêcher l’extermination et l’incendie ! Tant pis pour ceux qui se prétendent intelligents et ne comprennent pas que la Civilisation, c’est l’Injustice, le Malheur et le Désordre ; et que la retourner, c’est faire de la Justice, du Bonheur et de l’Ordre.

Chez les Crétois, les peuples les plus éclairés de cette Grèce antique tant admirée par nous, les lois enjoignaient aux citoyens de se lever contre les magistrats quand les magistrats transgressaient les lois. Ainsi le principe de la révolution continue était inoculé dans l’organisme social.

  1. « La Révolution est non seulement une règle ; elle est aussi un moyen de conservation.
    « D’après son étymologie, le mot révolutionner signifie retourner.
    « Retourner un objet, c’est le prendre dans la position où on le trouve pour le placer dans une position directement opposée.
    « Appliquant ceci à un ordre établi, le retourner, c’est faire du désordre.
    « Or, il y a des temps, pour l’homme comme pour la société, où le désordre, le chaos qui précèdent une création deviennent nécessaires, et où, par conséquent, la révolution qui les amène est salutaire aussi — c’est lorsque l’ordre établi ne suffit pas à satisfaire tous les besoins. »
    (De la Révolution dans l’Homme et dans la Société.)