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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/243

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au cœur de l’homme. Et vous, ne deviendrez-vous pas irritables aussi si vous vous couchiez l’estomac vide, et si vous ne dormiez pas de la nuit, et si vous vous leviez tard pour manger moins, et si vos yeux étaient pleins de sang, et si vos jambes se dérobaient sous vous quand vous marchez ? Moi j’écoute avec joie les conseils de la Vengeance, la seule Divinité qui veuille encore me sourire ; et je m’écrie :

Ange des revendications suprêmes, toi qui fais pâlir l’Iniquité, oh ! viens, viens à moi sur tes ailes de feu ! Toi qui allumes les haines fécondes et diriges les courages indécis, toi qui donnes à chacun la mission qu’il peut le mieux remplir ! oh ! fais que, pendant une seule heure, une torche soit remise entre mes mains, et que je sois entouré par un groupe d’hommes qui aient souffert la faim !

Oh ! alors, je le jure, rien ne restera sous le soleil des épargnes accumulées par le vol. Pendant que là-bas, sur les bords de la Mer Noire, les Russes tailleront en pièces les armées françaises ; moi je prendrai dans ma main la torche embrasée, et je commencerai par la maison qui m’a le plus fait souffrir, par la maison de mon père. La première jouissance qu’elle me causera de ma vie sera de la voir s’écrouler au milieu des flammes. Et le premier bien qu’elle procurera sera de réchauffer ceux de mes frères qui souffrent le Froid. — Le Froid qui tue si lentement !




§ 3. — SUR LA MORT, LA GUERRE, LES FLÉAUX ET FAMINES


I.   La Fin vient ! Le Mal vient ! crient les prophètes quand ils sentent l’odeur de la poudre et de la famine au