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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/255

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une prédiction lugubre, elle rit tristement, comme une démente octogénaire ; elle gesticule, chantonne des refrains patriotiques et raconte à satiété les glorieuses campagnes de la République-Empire.

À ces signes on reconnaît un peuple épuisé. Il faut qu’il nous reste bien peu de vigueur pour que nous ne sachions plus que radoter depuis cinquante ans. Nous n’avons plus à montrer à nos ennemis qu’un râtelier édenté par la corruption. Et nous croyons leur faire peur !

Ne nous préparons pas, pour chaque jour de notre vie, des désillusions amères en assignant pour but à la révolution nouvelle un changement de ministère ou des réformes de détail. Temps perdu que tout cela ! Et quant à la République Universelle et Sociale, tous tant que nous sommes, depuis l’octogénaire jusqu’au nouveau-né, nous ne saluerons pas sa bienvenue. Avant qu’elle ait pris racine sur la terre, la pelle du fossoyeur nous aura recouverts trois fois, et trois fois nous aurons reparu dans l’humanité pour travailler à sa conquête. ? Que de temps s’écoulera avant qu’aient disparu les éléments trop anciens de la Civilisation occidentale et les éléments trop jeunes de la Barbarie cosaque ! Que d’années de combats et d’émeutes, pour que le nouvel ordre ethnographique devienne fécond en résultats sociaux !? Introduisez une greffe sous l’écorce d’un arbrisseau des haies : la virginité de la nature et la science de l’homme lutteront longtemps avant de se marier ; les fruits les plus savoureux de l’arbre ne seront recueillis que par les enfants de celui qui l’aura planté.

Ainsi dans la Société, car les principes sont des greffes que le génie de la Révolution dépose dans les races afin qu’elles les développent.

Entre la civilisation de Justinien et celle de Charle-