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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/258

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XV.   Sur nos sociétés, travaillées d’un mal organique incurable par les procédés ordinaires, faut-il hésiter à appeler l’Invasion ? Je réponds par une consultation chirurgicale ; c’est mon ancien métier.

Un homme est atteint d’une affection chronique qui l’entraîne rapidement ; il a le teint plombé, les pommettes saillantes, le corps d’une maigreur livide. Les remèdes employés jusque là n’ont pas eu la puissance de conjurer le mal ; ce n’est plus qu’au prix d’une opération pénible qu’on peut sauver cette existence en péril.

Eh bien ! hésiteriez-vous à conseiller cette opération de salut ? Laisserez-vous le patient s’éteindre suivant l’art pour lui épargner quelques secondes de douleur et ménager les affectueux préjugés de ceux qui l’entourent ? Cette indifférente sensiblerie sera-t-elle du courage et du sang-froid ? Y aura-t-il conscience à rester neutre en face d’un agonisant ? Le médecin qui tiendrait cette conduite n’abuserait-il pas de la confiance accordé ? ne mentirait-il pas à ses convictions ?

Je crois avoir suffisamment démontré que la Civilisation européenne est dans un état aussi désespéré que ce malade ; je suis convaincu que la plupart des politiques et philosophes qui raisonnent matières sociales ont la même persuasion que moi, et je les accuse hautement de ne pas oser dire ce qu’ils osent penser. C’est mal calculer que de mentir. Et c’est un sacrilège de tromper les mourants !




XVI.   Et maintenant que j’ai appelé sur nos sociétés l’Invasion et la Mort, hésiterai-je à conjurer contre elles les grands fléaux désorganisateurs ? Non, certes.

Si les constitutions humaines n’étaient pas aussi épuisées par l’évolution des formes sociales jusqu’ici parcou-