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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/262

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situation où se trouvait l’Europe était on ne peut plus favorable aux croisades. Toutes choses allaient dans un tel désordre qu’il semblait que le monde penchât vers son déclin et que la seconde venue du Fils de l’Homme dût être prochaine. De terribles épidémies, la famine et toutes les calamités, suites des guerres continuelles entre les seigneurs féodaux, poussaient les gens à accepter en foule l’asile que leur offrait l’étendard de la croix contre la misère et l’oppression. »

C’est qu’en effet, un mal ne vient jamais seul ; guerre et fléaux se commandent comme fièvres et cancers rongeurs. Et de même que la fièvre fait supporter la douleur, de même la guerre distrait jusqu’à certain point du Choléra. Il y aura bien des millénaires avant peu : Quelque nouveau Guillaume de Tyr décrira leurs terreurs ; moi je les annonce.




XXI.   Je suis comme le médecin observateur en face d’un malade chez lequel toute réaction vitale est épuisée. Ce médecin est obligé de tirer parti aussi économiquement que possible du peu de forces qu’il trouve encore dans cette constitution affaiblie. Moi, je m’interroge sur le lendemain d’une société dont tous les ressorts sont détendus, tous les appuis ébranlés, toutes les institutions disjointes. Et je ne vois de salut pour elle que dans l’excès même de ses maux, dans la fermentation qui succède aux gangrènes putrides. — Gardez-vous d’arrêter le travail de décomposition, conseille Proudhon.


XXII.   Personne n’aime la guerre que ces misérables histrions, les derniers des esclaves qui portent du rouge autour du cou et une lame de fer au côté afin d’aller à la chasse à l’homme. Car la guerre ne profite à personne, eux exceptés. La guerre nuit au peuple vainqueur comme