Aller au contenu

Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

révolution sont un. Or, dans toute guerre comme dans toute révolution, deux choses sont à considérer : le fait d’une part, et de l’autre, l’enchaînement des causes de ce fait avec ses conséquences. Le fait militaire n’est rien ; les conséquences auxquelles il donne lieu sont tout. L’importance des résultats d’une guerre est toujours en raison inverse de la cruauté, de la fréquence et de la durée des événements. La guerre perd chaque jour de son caractère destructeur pour devenir de plus en plus un instrument de transformation. Toutes les inventions faites pour détruire les hommes ont abouti en définitive à les conserver.

Dans un milieu semblable au nôtre, la guerre, qu’elle soit civile ou nationale, et le précurseur de la Liberté. Nous ne pouvons rien construire que sur des ruines ; la guerre les fait. Aussi, plus la Liberté devra s’étendre en surface et en profondeur, plus la guerre qui l’amènera embrassera de nations et de classes sociales. Voilà pourquoi la guerre, qui n’était autrefois que l’affaire de quelques-uns, la gloire et la dépense de quelques autres, est devenue forcément aujourd’hui fléau, recrutement, impôt et emprunt sur tous.

L’humanité, bien qu’elle pleure, et murmure, et s insurge, et souffre quand on lui parle de la bataille, l’humanité, bien qu’elle n’en veuille plus et n’en puisse plus, l’humanité doit verser cependant encore le plus pur de son sang et les plus épargnés de ses écus entre les mains des hommes de sabre. Le désastre de la guerre a pénétré jusqu’aux entrailles profondes des hommes en même temps que le besoin de la Liberté. À mesure que la masse des citoyens se substitue aux classes privilégiées, les guerres civiles remplacent les guerres nationales. Maintenant, il s’agit réellement, pour chacun, de prendre l’initiative du combat dont le prix est son affranchissement.