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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/290

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obtenir peu : je veux dire le cadavre ; elle recrée beaucoup aussi : un grand nombre d’êtres, en détruisant peu de chose : le cadavre. Cela nous contraint à affirmer la toute-puissance de la Révolution, l’économie qu’elle fait de ses forces et de ses ressorts, l’absence du néant, la réalité de l’être universel et de l’existence indiscontinue.

Mais, dira quelque discuteur idéaliste, tout cela est matières et réaction de matières ; la pensée, le souffle vital sont absents ; l’agitation cadavérique est un mouvement sans âme.

À quoi je réponds : d’abord il est démontré que, réduites à leur dernière expression, la matière et la pensée sont d’une essence identique ; qu’on ne peut trouver de distinctions réelles entre la pesanteur de l’atome, l’électricité de la résine et la pensée du cerveau. — Ensuite, de ce que nous ne faisons qu’entrevoir encore l’infinie pensée qui préside aux transformations matérielles ou idéales, ce n’est pas une raison de croire que cette pensée n’existe pas, car nos découvertes nous en rapprochent chaque jour et nous la livreront enfin. Et puis la loi de Transformation n’est-elle pas fatale, inflexible, seule inébranlable au milieu du Tout ébranlé ? Des attractions et répulsions de chaque être ne résulte-t-il pas une distribution normale et inéluctable des matériaux qui subissent une Révolution ? — Enfin, je veux bien admettre que la révolution cadavérique soit uniquement matérielle et qu’elle ne dépende que du hasard ; est-elle pour cela moins transformatrice, conservatrice et vitale dans ses résultats ?

Je crois, pour ma part, avoir pénétré assez avant dans les secrets de cette révolution ; mais ne l’eussé-je pas fait, pour affirmer qu’elle existe, il me suffirait d’être témoin de ses résultats.