Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/304

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leurs attractions et à leur santé. — La nouvelle Patrie sera choisie par l’individu dans l’univers entier, et non plus imposée par la naissance entre les limites étroites des domaines princiers. Alors l’homme, véritablement libre et grand, se sentira porté vers ses semblables par un sentiment d’universelle bienveillance ; alors, de tous les coins du monde, les brises du soir lui rapporteront les vœux des êtres qui lui sont chers, leurs projets, leurs travaux, leurs amours et leurs rêves. La correspondance s’enrichira des trésors d’expression de toutes les langues, des caprices des imaginations les plus aventureuses. Tout y gagnera : la nouvelle langue universelle, les mœurs, le style, la découverte, la science et l’art. Et aussi l’amitié et l’amour que la monotone cohabitation de chaque jour suffit pour détruire dans les âmes les plus délicates. Rien n’est mortel à la sympathie comme l’entassement des individus. — Jusqu’à ce jour, hélas ! la Patrie ne fut rien que ce point restreint de la terre où l’homme consume son existence attristée ! À l’avenir, chaque citoyen du monde se fera sa Patrie aussi grande et aussi belle que puissent se l’imaginer son intelligence et son cœur !

De même pour la famille. — Les alliances contractées dans une société seront déliées dans une autre, et les sociétés seront modifiées chaque jour au milieu de tant de guerres, de désastres et de révolutions. Les prodigieuses découvertes de l’industrie et de la science, les relations beaucoup plus fréquentes entre les hommes changeront constamment les rapports établis dans les familles, et feront disparaître de leur sein la tyrannie du patriarchat paternel et les funestes conséquences de l’hérédité. Il y aura une infinité de femmes et d’enfants abandonnés et beaucoup d’hommes veufs qui chercheront fortune. Il en résultera qu’on ne s’engagera plus dans des unions d’intérêt jurées