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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/323

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CHAPITRE VIII.


VISIONS



VISION PREMIÈRE
L’esprit.


« Mon père et ma mère se sont reposés
après m’avoir engendré. L’esprit de divination
de l’une, les aspirations de révolte
de l’autre se sont mêlés dans mon sang.
La moëlle de mes os crie. Je souffre tout
ce qu’écrit cette plume. »
Ernest CœurderoyJours d’exil.


Maudite soit l’heure qui m’a vu naître ! Maudite soit l’étoile du matin qui veilla sur ma mère prise de douleurs ! Maudit soit le premier oiseau qui salua ce déplorable jour ! Maudit le pâtre et maudit le vigneron qui essuyèrent les pleurs de la rosée sur les coteaux de Bourgogne ! Maudit l’accoucheur qui ne m’étouffa pas au passage ! Maudit le chien qui lécha mes souillures ! Maudit, les amis empressés qui vinrent complimenter mon père de ce qu’un fils lui était né !!

Que faisaient les vagues ? Où était la foudre ? Oh ! que ne m’emportaient-elles au néant ! Pourquoi les glaces et les neiges de Janvier m’ont-elles épargné ? Pourquoi m’a-t-on lavé d’eau parfumée ? Pourquoi ma pauvre mère m’a-t-elle donné son lait ?