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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/326

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» Petit étudiant ! veux-tu te repentir de m’avoir blessé ? Veux-tu recoudre la plaie de mon cœur ? »

Et il me secouait rudement en disant cela. Et sa bouche restait collée contre la mienne.

« Tu es jeune et d’un visage agréable, reprit-il ; tu travailles avec courage ; tu sais tout ce que peut savoir un carabin de ton âge. J’ai besoin de toi ; ne veux-tu pas entrer de moitié dans ma révolte contre la Civilisation, au lieu de t’ennuyer ici sur ces morts ? »

Et il porta ma main sur la plaie de son cœur. Et voici : ma main fut agitée d’une secousse effrayante, tout mon corps s’ébranla, et je me relevai debout sur mes pieds.

Et je me repentis du mal que j’avais fait à ce grand mort. Et je passai des ligatures dans les lèvres de sa plaie qui saignait encore ; j’en affrontai les chairs, et les petits vaisseaux, et les petits nerfs. Et tout reprit au même instant ; et le sang ne suspendit plus son cours.

Et là où était sa blessure, je vis briller une Croix et un Niveau rouges.

Et voici : le Pacte qui m’unit à lui fut juré sur la cicatrice rose, sur la Croix et le Niveau rouges !




VISION III
La Fièvre.


« Fils de l’Homme, mange ton pain
avec émotion, et bois ton eau avec
tourment et chagrin. »
Ézéchiel.


Depuis ce soir-là, je ne m’appartiens plus. Les tempes me battent ; mes yeux se remplissent de sang ; mon front ruisselle de sueur, mes mains tremblent, mes jambes se