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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/340

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siècles dans le silence de nos reniements ! Entendez-vous crier les aigles ?

» Ceux qui nous appelaient barbares ont couvert le monde de leurs souillures. Et le monde s’est lassé de les subir !

» La Providence nous a choisis pour frapper les peuples, pour les renverser et les broyer sous nos pieds, comme le fléau disperse et brise le froment sur l’aire.

» Un rayon d’en haut me guide. Je suis le roi des rois. Grand pour détruire, je jure de ne pas me laisser gagner par le sommeil, et d’étendre ma large main pour punir ceux qui me bravent.

» Je serai cruel et sans pitié ; je passerai sur les Civilisés comme un torrent furieux ; avec l’épée, je les frapperai, et je les gouvernerai par le fer.

» Je vous donnerai leurs bois pour paître vos cavales et leurs guérets pour y parquer vos bestiaux. Je récompenserai tous ceux qui me servent loyalement. Chacun de vous aura sa place au soleil, et sur sa table, des vins généreux.

» Je vous donnerai leurs femmes et leurs filles afin que vous les rendiez fécondes. Par nous, leurs sciences et leurs arts seront recréés ; entre nos mains, leurs machines renverseront Dieu !

» Je suis le roi des armées. Je méprise la vie des hommes qui ne me secondent point. Je ne suis qu’un mortel, mais je suis plus fort que Dieu, car je fais trembler la terre en la frappant de mon pied. — Entendez !

» Voyez ! les Civilisés invoquent le Dieu de leurs pères ; ils jeûnent, prient et baisent la cendre des chemins.....

» Et le Dieu de leurs pères ne les exauce pas !

» Ils ressemblent à ces femmes, vieilles déjà, mais dévorées de désirs, et qui n’ont plus assez de charmes pour réveiller les sens de leurs anciens amants.