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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/35

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trompez, et vous soldats qu’on trompe ; abandonnez vos travaux et vos foyers ! Allez, bourreaux et victimes, gémissante colonne de meurt-de-faim ! Allez !...... Et que, parmi les morts, votre Dieu relève les siens ; qu’il les relève devant la postérité ! !...

Est-il bien vrai, Soleil ! qu’aux plages d’Orient, tu éclaires de tes lumières vives plus d’un million d’hommes qui se font tuer pour un vain mot, la Patrie ! Est-il bien vrai que de ce sang répandu, de ces chairs meurtries, de ces os broyés, de tout ce mortier d’hommes, le Despotisme veut élever de nouveaux autels ? Est-il vrai que cette coupe écumante ne puisse être détournée de nos lèvres ?

Oh ! du moins que cette guerre soit la dernière ! Qu’elle dure assez longtemps pour que les peuples se demandent quels intérêts ils servent ! qu’elle soit assez atroce pour plonger le monde dans la stupeur ! Qu’elle soit assez inexorable pour décapiter l’Europe occidentale ! Qu’elle traîne à sa suite toutes les pestes, toutes les famines et toutes les concupiscences ! Qu’elle pousse des vagues de Barbares sur nos capitales dépeuplés ! qu’elle se continue de maison à maison, de famille à famille, d’homme à homme ! Que la Délivrance surgisse de la Servitude ! Que le bien s’élève de l’excès du Mal ! que la chaleur et la vie s’exhalent du sang versé ! Oui, la mort par le glaive, la mort par le tzar, plutôt que la mort par la faim et par la bourgeoisie civilisée ! — Voilà le cri que pousseront bientôt, comme moi, tous ceux qu’embrase le souffle de la révolution !


XIII.   Quand les bourgeois français ont trouvé quelque bon ou mauvais mot qui traduise fidèlement leurs opinions ou leurs peurs, ils en sont fiers comme d’une victoire. Oh ! comme ils seraient forts, et sur terre et sur mer, si l’on gagnait des batailles avec des calembours ! — Parce qu’ils appellent les Russes des Cosaques, ils se figurent