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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/360

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libre ! Oh ! je les méprise comme ils le méritent ! Et je le leur répéterai ! ! !

J’ai la conscience exacte de la fatalité des révolutions, de leurs caractères, des lieux qu’elles visitent, des époques où elles paraissent et du cercle qu’elles parcourent. — Parce que je me détache facilement du point de vue national et temporaire pour embrasser l’humanité dans la continuité des temps. — Parce que j’ose dire la vérité, et qu’à toute peine suffit son vouloir. — Parce que j’éprouve un véritable orgueil à me sentir détaché, brillant de franchise, sur le fond terne de la civilisation. — Parce qu’il n’est pas en mon pouvoir de résister à la Force fatale qui me desserre les dents.

Parce que moi aussi j’ai été sidéré de Dieu. Quand j’étais tout petit enfant, le noir Choléra me présenta à la Mort capricieuse qui refusa de me prendre. Depuis, j’ai grandi ; malade, et toujours frappé du pressentiment des dangers futurs. Ainsi, l’oiseau, pris une seule fois dans la trappe meurtrière, s’il parvient à s’échapper par miracle, avertit les autres, par ses cris, des dangers qui les menacent.

Suprême Destructeur ! tu m’as vaincu par la Maladie fidèle à tes ordres ! Jusqu’au profond de mes entrailles retentit l’émotion des sociétés, et mon corps en est ébranlé comme par un coup de foudre inattendu. Je suis brisé ; je ne puis rester insensible, comme les autres, aux turpitudes et aux misères de notre agonie. L’horreur, la colère invinciblement me gagnent et font descendre la Fièvre jusqu’au bout de mes doigts !

Est-ce l’Amour qui me fait frémir ? Est-ce la Haine ? C’est l’un comme c’est l’autre. Mais c’est, avant tout, le sentiment vengeur de la Justice et le juste besoin de la Vengeance !