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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/364

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aussi étendue que l’Europe occidentale. Les plus hautes montagnes, les plus grands fleuves de l’Ancien-Monde la traversent ; cinquante millions d’hommes la peuplent. — C’est l’Inde anglaise !

Du Nord au Sud de cette Péninsule on se bat. Je vois une grande multitude de peuples soulevés contre un seul. Ce peuple est couvert de blessures ; il lutte en désespéré. Sa force et sa douleur sont grandes comme celles des géants rebelles : C’est le peuple anglais !

Il perd du sang, beaucoup de sang. Il se traîne, comme un lion meurtri, et se défend pied à pied. — Puis, retranché dans ses grandes villes, il les fortifie et s’y maintient quelque temps contre toutes les forces de l’Inde. — Gloire à lui !

Mais les peuples se souviennent qu’ils ont été dépossédés et réduits en esclavage par une poignée de marchands venus des contrées froides : ils se rappellent les barbaries des lords Clive et Hastings. — Le sang appelle le sang !

Les peuples, tous les peuples d’Asie s’émeuvent au loin, se rassemblent et roulent, en poussant de grands cris, contre les villes assiégées. L’Afghanistan, le Caboul, le Lahore, la Perse, la Chine, l’empire Birman envoient leurs légions contre l’Angleterre. — La lutte est par trop inégale !

Elle est héroïque, la vieille marchande, dans ce dernier combat ! Jamais plus fière ou plus digne ne porta le sceptre des mers ! Mais enfin, accablée, la rage au cœur, elle évacue son grand royaume et jette au fond des eaux l’impérial diamant qu’elle a perdu. Puis, elle remonte sur les grands vaisseaux corsaires qui l’avaient déposée, le siècle d’auparavant, aux bords du Gange consacré. — Sic transit gloria mundi !

Ses canons et ses matelots sont muets ; ses navires fuient sans savoir où s’arrêter. Ils manquent de charbon ;