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Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/140

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Sur les devoirs de l’Etat en matière d’assistance, (devoirs si résolument proclamés par Montesquiu[1] et Rousseau, tout le monde était d’accord dans la Constituante. Le comité pour l’extinction de la mendicité chargea le duc de La Rochefoucauld-Liancourt de présenter à l’assemblée plusieurs rapports sur ses travaux : au début du premier (Plan de travail du comité, etc.), la doctrine du comité se trouve exposée dans ces paroles qui furent unanimement approuvées : « Tout homme a droit à sa subsistance. – Cette vérité fondamentale de toute société et qui réclame, impérieusement une place dans la déclaration des droits de l’homme, a paru au comité devoir être la base de toute loi, de toute institution politique qui se propose d’éteindre la mendicité. Le devoir de la société est donc de chercher à prévenir la misère, de la secourir, d’offrir du travail à ceux à qui il est nécessaire pour vivre ; de les y forcer, s’ils refusent ; enfin, d’assister sans travail ceux à qui l’âge ou les infirmités ôtent tout moyen de s’y livrer. » En conséquence, La Rochefoucauld propose un vaste plan d’organisation administrative de l’assistance dont nous pouvons à peine esquisser les grandes lignes : l’Etat chargé des principales dépenses, et réparaissant un fonds annuel de 50 millions entre les départements ; un hospice par 16, 000 habitants, les hospices et les hôpitaux existants, maintenus par exception dans l’administration de leurs biens, la surveillance des établissements de charité confiée aux administrations civiles, l’établissement d’ateliers et de chantiers publics destinés jà fournir du travail aux indigents valides, des peines édictées contre ceux qui refuseraient le travail offert. De ce vaste programme, la dernière partie fut seule réalisée ou plutôt elle l’avait été déjà, mais pour la commune de Paris

  1. Esprit des Lois, livre XXIII, chap. xxix.