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Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/158

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heureux avec les biens des ennemis de la Révolution. » Et le Comité envoyait aussitôt aux représentants en mission une circulaire ainsi conçue : « Un grand coup était nécessaire pour frapper l’aristocratie. La Convention nationale a frappé. L’indigence vertueuse devait rentrer dans la propriété que les crimes avaient usurpée sur elle. » Mais le 8 de ce même mois, au début de la loi que nous avons citée, la Convention déclarait « les propriétés des patriotes inviolables, » et le 23, sur la proposition de Barrère, elle décrétait « la peine de mort contre quiconque proposera ou tentera d’établir des lois agraires ou toutes autres lois ou mesures subversives des propriétés territoriales, commerciales ou industrielles. » Cette apparente contradiction ne troublait personne. Les contemporains comprenaient parfaitement de quelles propriétés il était question dans les deux cas… Si Robespierre avait voulu s’opposer à ces doctrines spoliatrices, ni l’occasion, ni le pouvoir ne lui eussent manqué, mais c’étaient celles – des déclarations explicites nous le prouvent — de Marat, de Chabot, de Collot-d’Herbois, de Barrère, de Bourdon de l’Oise, de Le Peletier, de Lequinio, de Fouché, de Joseph Le Bon, de Javogues, Se Tallien, d’Armand de la Meuse, et nous ne pouvons, en présence des majorités qui les ont consacrées, douter qu’elles ne fussent celles de tout le parti Jacobin.

Maintenant nous sommes un peu embarrassé pour dire en quoi les idées des Hébertistes et des Enragés différaient théoriquement, la question religieuse mise à part, de celles des Montagnards. Au moment où l’on discutait aux Jacobins les projets de Constitution, Boissel présenta le sien. « Robespierre, dit-il, vous a lu hier la Déclaration des droits de l’homme, et moi je vais vous lire la déclaration des droits des sans-culottes. Les sans-culottes de la Répu-