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Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/161

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l’éloignement que ses contemporains ressentaient encore à divers degrés pour l’égalité primitive qu’à la distance plus ou moins grande où ils étaient de la vertu parfaite, du pur amour pour l’humanité, que Marat, comme on sait, se flattait de personnifier.


IV


Le bonheur, disait Saint-Just, est une idée neuve en Europe. Indiquons rapidement les mesures prises par la Convention en vertu des principes que nous venons d’exposer, pour assurer le bonheur du peuple ; nous verrons ce que valaient tous ses serments de respecter la propriété.

La loi du 4 avril 1793 dispose que « les châteaux, les bâtiments… et tous les autres biens (nationaux) d’une grande étendue dont la vente serait reconnue moins avantageuse, seront divisés et vendus par lots séparés… surtout au plus grand avantage de la Nation. » On avait cru jusque-là qu’il y avait opposition entre l’intérêt économique qui semblait lié à l’existence de propriétés étendues et l’intérêt individuel qui réclamait le fractionnement. On feint de croire maintenant que ces intérêts se confondent le plus grand avantage de la Nation, c’est le plus grand avantage des individus qui la composent, c’est-à-dire des patriotes, seuls vrais citoyens. En vertu de la loi du 3 juin 1793, les pères de famille non propriétaires et qui habitent une commune pu il n’y a pas de biens communaux à partager, mais où il y a des biens d’émigrés confisqués, recevront un arpent de terre à titre d’arrentement. Et cette loi est complétée par celle du 13 septembre 1793,