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Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/169

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résoudre où commence, l’aisance ? qu’est-ce qu’un riche et qu’est-ce qu’un pauvre ? La Convention estima que les revenus nécessaires pour un célibataire étaient de 1,000 livres, et pour les gens mariés dont la femme était vivante et ayant par exemple deux enfants, de 4,500 livres. En assignats, cours de juillet 1793, cela ne faisait que 230 francs environ pour le célibataire et 1,035 francs pour les gens mariés dans l’hypothèse choisie ; à partir de ce minimum non taxé, les revenus dits abondants sont taxés progressivement de 10 à 50 0/0 ; au delà de 9,000 livres de revenu (2,070 francs en tenant compte de la dépréciation des assignats), à quelque somme que ce revenu s’élève, la taxe sera, outre les 4,500 livres dues pour 9,000 livres, de la totalité de l’excédent. De sorte qu’un revenu de 10,000 livres sera taxé 5,500 livres et ainsi de suite. Bien entendu, le prétendu emprunt ne fut jamais remboursé. C’est le second impôt que nous rencontrons depuis le commencement de la Révolution ; il est progressif comme le premier, cette fois directement : il y a plus, en frappant les économies, il atteint le capital même.

Il y eut encore deux autres « emprunts » imposés pour toute la France sur la partie aisée de la population. L’un du 19 frimaire an IV (30 déc. 1795), atteignait seulement une petite partie des citoyens ; il était de 600 millions en numéraire, c’est-à-dire, au cours de 0 fr. 54 c. 0/0, de plus de cent milliards en assignats, plus de quatre fois la valeur de la moyenne des contributions ordinaires de toute la nation : il était payable en un mois. Le rapport présenté par le Directoire à l’appui de cet emprunt disait « Cet emprunt ne portera que sur un million environ de citoyens. Par là il se trouvera que l’immense majorité des citoyens qui ne participera pas à l’emprunt, lui applaudira, en voyant qu’il sauve la chose publique. » Vernier, du Jura, qui se trouvait maintenant aux Anciens,