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Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/261

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une date prochaine dans un petit cabinet placé au milieu du jardin de l’ancienne abbaye de Sainte-Geneviève. Là on décida que l’on établirait une société unique et l’on convint que la période de propagande préparatoire ne pouvait être considérée comme close ; il fallait continuer à cheminer dans l’opinion en se couvrant « de la Constitution et même de la protection du gouvernement, jusqu’au moment où l’on serait assez fort pour l’attaquer et le détruire[1].- »

Ici se place la naissance de la-société du Panthéon dont nous avons dit le médiocre succès. Mais pendant ce temps un « comité secret » se formait chez Amar, rue de Cléry, « pour préparer l’insurrection. » Il comprenait Amar, Darthé, Buonarroti, Massart, Germain, Clément, Marchand, Félix Le Peletier, Bodson et Génois. Le Comité fut d’abord « un Lycée politique, » une sorte d’académie où fut étudiée l’histoire du travail avant la Révolution et postérieurement à elle, et où l’on conclut « que la cause toujours agissante de l’esclavage des Nations est tout entière dans l’inégalité et que tant qu’elle existera, l’exercice de leurs droits sera à peu près illusoire pour une foule d’hommes que notre civilisation ravale au-dessous de la nature humaine. Détruire cette inégalité est donc la tâche d’un législateur vertueux ; voilà le principe qui résulta des méditations du Comité. » Le moyen d’établir l’égalité ne devait pas être cherché, selon l’avis de la plupart des membres, dans des lois somptuaires ou agraires : la mise de chacun dans la société étant égale, les charges doivent être égales aussi : la communauté des biens et des travaux s’impose donc comme « le véritable objet et la perfection de l’état social. » Il importe d’observer que ces principes sont posés en l’absence de Babeuf, qu’ils sont acceptés

  1. Buonarroti, t. I, p. 76.