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Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/268

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Robespierre et de Saint-Just pour étayer notre doctrine. D’abord nous ne faisons que rendre hommage à une grande vérité, sans laquelle nous serions trop au-dessous d’une équitable modestie. Cette vérité est que nous ne sommes que les seconds Gracques de la Révolution française. N’est-il pas utile de montrer que nous n’innovons rien, que nous ne faisons que succéder à de premiers généreux défenseurs du peuple, qui avant nous avaient marqué le même but de justice et de bonheur auquel le peuple doit atteindre ? Et en second lieu, réveiller Robespierre, c’est réveiller tous les patriotes énergiques de la République et avec eux le peuple qui autrefois n’écoutait et ne suivait qu’eux. Rendez à sa mémoire son lustre légitime : tous ses disciples se relèvent et bientôt ils triomphent. Le Robespierrisme atterre de nouveau toutes les factions. Le Robespierrisme ne ressemble à aucune d’elles ; il n’est point factice ni limité. Le Robespierrisme est dans toute la république, dans toute la classe judicieuse et clairvoyante et naturellement dans le peuple. La raison en est simple ; c’est que le Robespierrisme c’est la démocratie, et ces deux mots sont parfaitement identiques. Donc en relevant le Robespierrisme, vous êtes sûrs de relever la démocratie[1]. » (9 ventôse an IV – 29 février 1796).

Babeuf était donc entièrement converti à la théorie du gouvernement révolutionnaire, c’est-à-dire à la théorie de la dictature collective ou individuelle, remplaçant, au nom de la volonté présumée du peuple, le gouvernement légal, issu ou à dégager de la volonté exprimée des citoyens. Le directoire secret partagea son avis. Il se posa en effet la question, très fréquemment agitée parmi les révolution-

  1. Pièce insérée dans l’Acte d’accusation. — N’oublions pas le sens du mot démocratie, indiqué plus haut.