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Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/279

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F d’exposer la doctrine (les premiers conjurés), avaient évidemment aspiré à l’égale distribution des chargés et des jouissances. Au nom de Robespierre, Amar, qui, au 9 Thermidor, avait été un des plus violents persécuteurs, avoua ses torts, et ne chercha à excuser sa faute qu’en alléguant l’ignorance où il prétendit avoir été des vues bienfaisantes de celui qu’il avait calomnié et immolé[1]. » Il ne tarda pas d’ailleurs à exciter la défiance et l’irritation de tous les conjurés. Lacombe, Cochet, Drouet, Huguet, Chapelle, Javogues, Ricord, Laignelot et Choudieu étaient aussi des Montagnards qui n’avaient abandonné Robespierre que le jour où ils s’étaient crus menacés par lui, et qui, depuis, se voyaient bien plus menacés encore par les gouvernements post-Thermidoriens.

Ensuite venaient les instruments directs, les serviteurs et défenseurs personnels de l’Incorruptible : Gravier, juré du tribunal révolutionnaire de Paris ; Fillon qui, à Lyon, avait proposé à Chalier de manœuvrer lui-même la guillotine, depuis juré du tribunal révolutionnaire de Paris ; le menuisier Trinchard, président d’une des commissions populaires destinées à pourvoir d’accusés ce même tribunal, Trinchard un instant irrité contre Saint-Just, qui lui reprochait bien à tort de ne pas aller assez vite en besogne, mais un pur, un solide, opérant par feux de file, pénétré de l’esprit de Robespierre qu’il « idolâtrait » et ayant si bien le sentiment de ses « devoirs », qu’il dira pour sa défense : « Un juré révolutionnaire n’est pas un juré ordinaire ; nous n’étions pas des hommes de loi, nous étions de bons sans-culottes, des hommes purs, des hommes de la nature ! » ; Bodman, qui était membre de la même commission, enfin Potofeux, procureur général syndic du département de l’Aisne, qui siégea quelques

  1. Tome I, p. 88.