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Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/313

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de sa section, tout citoyen qui, après des visites domiciliaires rigoureusement faites, se trouverait avoir des farines, légumes et autres comestibles qu’il n’aurait point déclarés, tous marchands de vin et d’eau-de-vie qui ne distribueraient point leur marchandise ; accrocher à la première lanterne tout boulanger qui ne cuirait point ; poursuivre par le fer et par le feu quiconque opposerait résistance. » Celui qui avait sinon écrit, du moins conservé et approuvé ces lignes, disant à ces cinq et à ces ministres qui viennent de le saisir :« Nous vous jugions un peu trop sévèrement ; mon gouvernement s’entendrait peut-être avec le vôtre. Faisons ensemble de bonnes lois sociales et oublions tout ! » cela dépasse la mesure normale. À ce degré, l’infatuation touche à la folie et cette folie est celle d’un spéculatif qui n’a aucune perception des réalités de la politique et voit le monde à travers ses rêves littéraires, tantôt idylliques, tantôt sanglants.

Mais à peine avait-il envoyé cette lettre étrange, qu’il en sentait le ridicule et ramenait ses vues vers un plan plus modeste. Il comprend qu’il lui sera difficile de gagner le gouvernement à la politique du bonheur commun. Il demande une entrevue à Cochon simplement pour lui faire certaines « déclarations » et il donne comme motif de sa demande l’intérêt qu’il porte… au Directoire ! Son affolement est complet précipité du faite des grandeurs où il trônait en espérance, il se déconcerte, il s’humilie, sans même que ces avances puissent en aucune façon servir à son salut. « Citoyen ministre, je vous ai prié de me faire appeler devant vous demain dans la matinée. J’ai à vous faire des déclarations que je crois pouvoir être de la plus grande utilité au gouvernement et le sauver avec la Patrie. Salut et fraternité. » — Quelques heures après : « J’ai demandé au ministre de me faire mander demain. Je me proposais d’ici là d’écrire les choses que je lui