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Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/62

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les Français une révolution, mais la Révolution. Ce sont les étrangers qui ajoutaient la révolution française. N’estil pas vrai que le socialisme apparaît à certains esprits comme une doctrine aussi nouvelle et aussi prodigieuse, comme un mouvement qui ne ressemble à aucun de ceux qui l’ont précédé et ne saurait comme eux finir, laissant l’histoire reprendre son cours ? Ce ne sont pas seulement des événements nouveaux qui vont commencer avec lui, ce sont des temps nouveaux, et ils n’auront rien de commun avec la succession des jours écoulés. Plusieurs sont devant cette ère nouvelle comme les plus enthousiastes de nos grands-pères au 1er Vendémiaire de l’an I. Il y a toujours un peu de religion dans nos amours. C’est au fond l’absolu que nous embrassons dans nos espoirs éperdus et l’absolu est seul, il est immortel ; il échappe à toute comparaison et à toute vicissitude.

L’histoire nous détourne doucement de cette contemplation absorbante. Elle nous invite à rechercher si les doctrines, pour lesquelles notre cœur et notre imagination s’émeuvent, n’ont pas déjà plusieurs fois paru et disparu sous des formes analogues au cours du développement de l’humanité civilisée elle nous suggère que le moment historique que nous traversons pourrait n’être qu’un des termes d’une série, qu’une crise semblable à d’autres crises, et ainsi elle nous permet de nous élever au-dessus du tumulte des passions contemporaines pour jeter sur les perspectives étendues qu’elle nous ouvre un regard plus tranquille et plus ferme.

Le socialisme n’est pas né d’hier ; il a déjà fait cinq apparitions dans l’histoire. Formulé en Grèce, pour la première fois par Philéas et Platon, il a été la cause principale des guerres civiles qui ont amené la chute de la plupart des cités helléniques. — Le christianisme naissant