Page:Esquer - Essai sur les castes dans l’Inde.djvu/22

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voisins : il fallait se concilier par un gouvernement paternel cette fraction infiniment petite du peuple indou, appelée à vivre à l’ombre de notre drapeau, et la contraindre, malgré son inertie héréditaire, à bénir le nom de la France, en attendant l’heure où chacun de nos administrés sentirait vibrer en lui une corde nouvelle , le patriotisme , et , abjurant un passé sans souvenirs et sans gloire, faisant fi de préjugés absurdes , sapés enfin par la civilisation moderne, se glorifierait du nom de Français.

Telle a été, depuis lors , la marche suivie : tel a été le but vers lequel ont tendu les efforts des Gouverneurs qui se sont succédé dans l’Inde française : respect des mœurs et des coutumes des natifs, marche insensible vers le progrès, par là triple influence de l’exemple, de la diffusion des lumières au moyen de l’instruction, enfin de la propagation prudente des idées d égalité et de fraternité, essence de la morale chrétienne : telle a été leur politique : sage et habile programme auquel n’ont pas toujours été fidèles les Anglais, maîtres souverains de l’Inde, mais qu’ils suivent prudemment aujourd’hui, disons-le à leur louange, depuis que de sanglants avertissements leur ont appris que, pour réaliser le magnifique rêve de la régénération de la race indoue , il faut, non point user de la force aveugle, mais attendre patiemment les résultats lents , mais certains, dûs au contact civilisateur des idées modernes, à l’éducation du peuple et à la persuation.

Dans son arrêt de règlement du 13 janvier 1769, le Conseil supérieur de Pondichéry reconnut solennellement « que la nation s’était engagée, dès le commencement de son établissement dans l’Inde, à juger les Malabars et autres Indiens qui auront recours à la justice française, suivant les lois, coutumes et mœurs malabars. » — Le 6 août 1819, le comte Du Puy, promulguant, après la reprise de possession, le Code