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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/147

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Les premières assises superficielles du globe que la mer vint recouvrir, étaient ces puissantes roches qui montrent à notre gauche dans le musée de géologie leurs fragmens variés. Des cristaux et d’autres richesses minérales sortirent dès le commencement du laboratoire où se formait notre planète. Mais la vie n’a laissé aucunes traces sur ces premiers ouvrages de la nature. Les merveilleux événemens dont nous venons d’esquisser le récit n’ont eu pour témoins aucuns des êtres organisés qui respirent maintenant dans la nature. Dieu, pendant ces temps reculés, assistait seul à son œuvre. Un océan sans rivages promenait tout à la surface de la terre sa masse vide et désolée. Ce grand désert d’eau attendait avec une mélancolie immense que l’esprit du créateur développât dans son sein ému les premiers germes de l’existence animale. Ce liquide inconnu ne roulait dans ses flots troubles et menaçans que des détritus de roches et des matériaux inanimés. Une masse de marbres à grains salins et d’autres calcaires sans coquilles, tel est le palais que cette mer primitive s’était construit pendant son séjour sur l’écorce du globe. Si jamais un grand poète écrit cette grande épopée de la création, il y aura pour lui un beau motif de rimes dans les plaintes inarticulées de cette mer sans habitans, demandant à Dieu de consoler sa solitude. Mais le moment n’était pas encore venu où la vie devait s’établir dans le monde. La raison du vide de la mer et de toutes les autres parties du globe à cette époque très ancienne est principalement dans l’état élevé de la température qui n’eût permis à aucun être organisé de se maintenir. Ajoutez à cela les